Depuis quelques décennies maintenant, la Belgique est l’un des pays les plus cotés en matière de festivités. Non content de disposer déjà d’une immense culture de la bière, de Dour ou de Tomorrowland, un autre acteur de taille s’est installé confortablement : il s’appelle Rampage et vient de livrer ce week-end l’un des spectacles les plus ahurissants de la sphère électronique.
Doux Jésus, autant vous dire que ce lundi est une journée difficile. Du réveil fatidique aux lampes grisonnantes du métro sans oublier le goût amer d’un café qui peine à agir correctement, n’importe quel fêtard revenu d’Anvers, ville la plus peuplée de nos voisins Belges, vous le confirmera : Rampage fut tout bonnement épuisant. Pour cette édition 2018, les choses n’ont pas été faites à moitié avec deux soirées consécutives, une première depuis la création de l’événement en 2009. Une double dose de violence à destination d’un public survolté, venu au nombre de 30 000 clubbers…
Officiellement, Rampage est la plus grande fête Bass Music indoor du monde. Il faut dire que le Palais des Sports d’Anvers est massif : imposant comme l’AccordHotels Arena de Paris, il s’agit là d’un lieu taillé pour la grandeur et la démesure. Bien sûr, les deux soirées ont été annoncées sold-out, c’est vous dire l’ampleur de leur popularité ! Premier point positif : la fluidité des flux humains. C’est simple : on a rarement vu une entrée aussi bien gérée avec l’absence quasi-totale de files d’attente. Des bars, vestiaires, fumoirs, tables et toilettes sont disposés tout autour de l’arène centrale dans un couloir circulaire séparé, permettant alors de prendre l’air sainement avant de replonger dans une fournaise des plus intenses. Car si les services alternatifs proposés sont effectivement très bien pensés, le cœur de Rampage réside bien en son spectacle intérieur, l’un des plus impressionnants jamais constatés en salle close.
Qu’il s’agisse de votre première édition ou de votre deuxième soir d’affilée, l’effet de surprise reste toujours intacte : Rampage est absolument monstrueux. Plus que des étoiles dans les yeux, c’est une vraie magie visuelle qui s’impose à une foule tout aussi illuminée. Le lighsthow proposé est presque sans commune mesure : des centaines et des centaines de couleurs différentes, des panneaux LED gargantuesques, d’immenses cracheurs de flammes, des lasers surpuissants, de méchants canons à fumée ou à confettis et, cerise sur le gâteau, des plateformes amovibles disposées tout le long du plafond. Un immense bravo technique à l’équipe technique qui n’a pas chaumé l’espace d’un instant en nous proposant des jeux de lumières et de couleurs variés et saisissants. Le paradis des bass heads existe et on y parle flamand.
RAMPAGE 2018. Que faut-il dire de plus ? w/ ANDY C
Posted by EDM France on Saturday, March 3, 2018
S’auto-catégorisant comme la plus grande soirée Dubstep et Drum & Bass du globe, Rampage est bien évidemment à cheval pour proposer un line-up digne de ce nom. Avec plus de quarante artistes internationaux répartis sur les deux nuits, il est difficile de savoir où donner de la tête à la première vue de la programmation. Attention cependant, le festival privilégiant essentiellement la D&B, les purs amateurs de l’autre famille musicale et de ses sous-genres ont pu vite être rassasiés avec la présence de seulement six DJ sets Dubstep.
Une répartition un peu inégale compte tenu du nombres d’artistes prévus, de nombreux b2b’s dans le genre ayant été programmés et diminuant alors drastiquement le temps pur et dur de Dubstep. D’un autre côté, cela consistait aussi à le valoriser terriblement avec une attente assez excitante. L’arrivée de Snails vendredi après les trois heures de Drum & Bass par Camo & Krooked, Andy C et Pendulum a eu des airs de consécration divine. Un spectacle d’une violence rarement égalée !
Snails à RAMPAGE, c'était encore un autre level de puissance 👊
Posted by EDM France on Saturday, March 3, 2018
Alors que les 6h du matin eurent rapidement pointé leur bout de leur nez lors de cette première soirée, nos jambes fatiguées, tympans ivres et rétines agressées ont su tenir bon jusqu’à l’arrivée libératrice de nos pauvres corps à l’Air Bnb. Le set monstrueux de Flux Pavilion et Doctor P résonnait encore dans nos caboches, autant que la prestation envoûtante des magiciens Camo & Krooked qui ont su, aux côtés de nombreux autres, parfaire ce premier repas Bass Music.
Quelques frites et bières Belges plus tard, nous étions de retour au Sportpaleis pour réitérer le mal de crâne. L’excitation était encore palpable, d’autant plus que les deux genres musicaux s’avéraient mieux équilibrés que la veille avec la venue du crew Disciple (Barely Alive, Virtual Riot, PhaseOne, etc., d’ailleurs présents à la Splash de Paris samedi prochain), un b2b de Funtcase et Cookie Monsta et surtout les grands Dirtyphonics. Autant dire que l’on n’a pas été déçu sur le coup : c’était gras et puissant à souhait. Une parfaite ponctuation avec la D&B de SaSaSaS, Chase & Status ou encore le clan MethLab !
Vraiment, difficile de trouver de grands défauts à cette édition 2018. Les organisateurs ont vu encore plus grand tout en visant juste et en maîtrisant parfaitement leur direction artistique et équipement. Rampage est d’autant plus intéressant que tout se déroule au sein d’une ville culturellement très riche et à l’architecture franchement dépaysante (mention spéciale à la neige du premier soir). Et, bien sûr, on lève le pouce quant aux spectateurs, en osmose totale avec le son et plutôt respectueux les uns des autres. Une bonne humeur générale à laquelle on ne peut être insensible…
En attendant l’annonce de l’itération 2019, on se donne rendez-vous au prochain rendez-vous Bass de grande ampleur le 21 avril, pour la nouvelle Animalz qui accueillera Borgore. Ça s’annonce aussi très bon et on en transpire déjà !
CRÉDITS PHOTOS : Philippe Wuyts Photography