Retour sur le concert gigantesque de DJ Snake à Bercy

Il l’a fait. Après une ascension constante ces dernières années, avec des dates croissantes dans la Capitale à l’Olympia puis au Zénith, DJ Snake s’est finalement installé le temps d’une soirée à l’immense AccorHotels Arena. Retour sur une soirée resplendissante qui marque également le changement artistique et progressif de la star Française. 

Connu pour ses hits planétaires, DJ Snake n’est plus à présenter. On le surnomme « le Français le plus écouté au monde » et ce n’est sans doute pas pour rien tant sa capacité à flairer le succès lui réussit. Avec Lean On, Middle ou Let Me Love You, il s’est imposé dans le monde de l’Electro-Pop tout en conservant ses racines Trap démontrées avec Turn Down For What, Get Low ou Propaganda. Ses écoutes se cumulant en milliards, il n’est donc pas surprenant de voir l’AccordHotel Arena, l’une des plus grosses sales closes au monde, tout simplement sold-out pour cette date événement.

Avec Point Point en première partie et Malaa en guest, le crew Pardon My French continue de faire parler de lui. Et quels sets les Français nous ont livré ! Sans être merveilleusement originale, la puissance symphonique du binôme est tout simplement une merveille d’échauffement, colorée, puissante et enthousiasmante. Quant au mystérieux producteur cagoulé, rien à redire : la prestation était badass. Sa G-House est toujours aussi rythmée, sombre et chaude à souhait. Impossible de ne pas être gonflé à bloc après ça.

Après quelques dizaines de minutes d’attente, le moment pour DJ Snake de se montrer arrive enfin. Comme souvent, l’introduction est sublime, voire presque magique grâce à une montée en tension sublimée par des effets de lumière grandioses et un lâcher de rideaux gigantesques. Comme à son habitude, le premier drop est musclé et a le don de mettre dans le bain de la meilleure des manières.

Si l’on aime beaucoup l’artiste fétiche de ce 24 février, c’est aussi parce qu’il est le porte drapeau de la Bass Music aux événements les plus commerciaux du monde. Indéniablement, cela donne à ses prestations des vibes  underground terriblement grisantes pour tout amateur du milieu. Pour son show de Bercy, force est de constater cependant que la recette a quelque peu évolué. Plus axé sur l’Electro et la Bass House que sur la Trap et la Dubstep qui ont fait sa renommée lors des grands spectacles, les bassheads et, finalement, les vrais fans des sets de Snake, ont pu ne pas être rassasiés.

Après tout, les derniers tubes du Français comme A Different Way ou Magenta Riddim (jouées ce soir-là, cette dernière ci-dessus) marquent clairement l’évolution musicale du DJ. On est donc à moitié surpris de cette violence modérée en live, bien qu’un peu sur notre faim. Heureusement, Snake n’a pas lésiné sur les moyens avec le passage de quelques tracks bien sentis comme de nouvelles ID’s et le fameux In The Pit, qui a d’ailleurs généré un impressionnant pogo au milieu de la fosse.

Impossible toutefois de ne pas mentionner quelques très beaux passages, appuyés sur des hits comme Here Comes The Night ou Lean On, qui en mettent vraiment plein les yeux. À l’aide notamment des moyens impressionnants de la salle de Bercy, on ne peut qu’être ébloui d’autant plus que les vingt mille personnes étaient franchement réactives. Un délice !

Ceci dit, un léger goût amer nous est resté en travers de la gorge concernant le show exclusif réservé à un concert de DJ Snake. Bavard comme souvent, il ne suffit malheureusement pas de faire le MC pour combler toutes les attentes d’un public demandeur de surprises. Ainsi, peu de guests étaient invités : Moksi pour un son Bass House plutôt énervé, quelques remerciements en live aux membres de son équipe et Gashi, qui est venu rapper en tournant le dos au public les trois quarts de son passage… On se souvient encore d’un Zénith de Paris qui avait vu Omar Sy motiver la foule pour un Get Low sensationnel, Yellow Claw venus pour Ocho Cinco ou les chanteurs Bipolar Sunshine et AlunaGeorge. Dommage, on aurait aimé voir plus de spectacle pour ce samedi soir.

Mais ne soyons pas non plus rabat-joie : le concert de DJ Snake à l’AccordHotels Arena fut bon, très bon même, témoignant de la toute popularité du DJ avec une efficacité réglée aux petits oignons. À voir désormais ou l’avenir mènera le Parisien mais, a priori, ça ne sera plus sur les chemins de la Bass brutale et épicée.

Photo de Une : Miko Goncalves