Le 25 mars dernier, EDM France s’est envolé pour Rennes afin d’assister à l’événement It’s A Trap, qui réunissait Ganz, 8Er$ et KT.Løw. Une fois par mois, l’artiste Lyonnais 8Er$ (qui a déjà signé sur les maisons de disque Buygore, Mad Decent mais aussi All Trap Music et qui a déjà collaboré avec les fines fleurs du milieu) travaille avec It’s A Trap pour exporter le genre en Bretagne : une initiative plus que louable que l’on ne peut qu’encourager. Mais surtout, il ne s’agit pas là de soirées franchement banales puisque chacune de ces nuits ont accueilli une tête d’affiche de taille : TroyBoi, Mr. Carmack, Snavs, Tomsize ou Flechette sont déjà venues taper du pied sur la scène et autant dire qu’il s’agit là de figures carrément respectables. Autant de très bons artistes qui feraient sourire n’importe quel dépressif et qui ont fait cracher les baffles du mythique 1988 Live Club.
Nous ne sommes pas encore arrivés que la musique chatouille déjà nos tympans, suscitant une envie irrésistible de parvenir à bon port aussi vite que possible. Nous descendons les marches et, comme à l’accoutumée pour toute bonne soirée qui s’augure, c’est à ce moment précis que l’excitation monte en flèche. Corps vibrant, on apprécie déjà les yeux clos de nos potes qui savourent chaque snare et chaque kick. Les lumières caressent nos rétines pour enfin nous plonger dans l’ambiance.
À minuit trente, on établit un constat : on vient toujours trop tôt aux soirées. Arrivés sur le dancefloor, personne (sauf bien sûr Gérard, 56 ans, accoudé au comptoir). Mais EDM France n’a peur de rien et s’est donc lancé à la conquête de ce sol qui ne demandait qu’à être foulé. On regrette vite que l’établissement soit vide, car KT.Løw ne fait pas dans la dentelle. DJ résident du 1988 Live Club, c’est un habitué des It’s A Trap qui a su mélanger ses inspirations techno, hip-hop et trap tout en ayant puisé dans les précédentes sessions pour argumenter son set. Malgré le manque d’enthousiasme du public, il a su nous délivrer une performance plus qu’honorable et teintée de bonne volonté.
Crédit photo : Ftne Prod
On retiendra le très beau remix de Mr. Carmack de Chargé (à l’origine de Kaaris), la retouche de Niggas in Paris d’Onderkoffer tout en prenant le soin d’enchaîner sur le mythique Génération Assassin de Booba, le tout sur des transitions ultra propres . Un warm-up pas forcément tendre donc, et qui a eu le mérite de mettre à l’épreuve le système son du 1988 Live Club sans que celui-ci ne faiblisse une seule fois.
À deux heures et demi du matin, on se rend compte qu’il y a du monde sur la piste, l’air de rien. Ganz arrive dans trente minutes et la foule commence à sérieusement s’amasser. L’ambiance chauffe délibérément et le public se délecte de la fin du set de KT.Løw pour se préparer à la bête suivante. Pour ce faire, quoi de mieux qu’une petite transition en douceur avec Do You? de TroyBoi ? Il y a pire pour laisser place au petit poulain de The Hard Headed, originaire de Venray aux Pays-Bas, qui allait sans qu’on le sache encore nous déverser un flot de basses à couper le souffle.
Crédits photos : Corentin H.
Plus concentré sur son Pioneer que vous au jeu du mikado, (il n’ose même pas un regard quand il filme la foule depuis son téléphone), Ganz nous fait voyager avec lui dans son univers mélangeant rythmes hip-hop, sonorités trap furieuses et douceurs R&B qui, ensemble, créent un cocktail tout à fait identitaire et remarquable. Transitant entre moments de pure folie trap et musiques dansantes – à l’instar de son remix de Say My Name de Odezsa, ou encore I Want U de Alison Wonderland – il a su démontrer ses talents de beatmaker et celui, non des moindres, de faire monter la température au-delà des limites de la loi de Planck. On le remercie d’ailleurs pour le cadeau de basses final, Keith Ape, le grand classique qu’on aime entendre à peu près tout le temps.
Crédit photo : Corentin H.
Vers quatre heures (et dix minutes très précisément), 8er$ (ou Infrastep pour les très intimes) est dans la place. Le pionnier 8Er$, porteur du projet depuis son commencement, décide de scotcher aux murs du club les centaines de fêtards dès les premières minutes. Toujours armé de sa fidèle casquette, le lyonnais se déchaîne derrière les platines, aussi bien dans sa gestuelle que dans la tracklist choisie : Flosstradamus, NGHTMRE, Tropkillaz ou bien Major Lazer, rien n’a été épargné en plus de ses productions personnelles. Clairement, les morceaux de son set sont devenus les classiques des soirées It’s A Trap (des classiques tout court, en fait). De même, on ne peut que lever le pouce en l’air quand on se trouve face à l’énergie que l’homme a à revendre. Une pile électrique.
Crédits photos : Gratuitpourlesfilles.fr
Épuisés, nous quittons cette soirée d’anthologie qui a su nous maintenir en folie à travers la nuit tout en gardant en tête la prochaine soirée du samedi 23 avril, avec Ober (que nous vous conseillons très vivement ), accompagnés de DJ Hoodboyz, KT.Løw et 8Er$. Les soirées It’s A Trap ont décidément de la réserve, pour le moment très bien exploitée et que l’on ne demande qu’à étendre au travers de la région. Top.