Depuis quelques années déjà, la trap investit la capitale peu à peu pour en devenir l’un des genres les plus en vue du moment. À mi-chemin entre la sphère bass music et la culture hip-hop, le style s’étend, évolue et est porté à travers tout le globe par des artistes ultra-populaires : parmi les acteurs du mouvement figure l’équipe de Trap BLVD, qui anime l’univers trap music dans l’hexagone. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la team a saisi l’envergure du domaine en avance puisqu’elle est active depuis déjà des années, ce qui lui a permis de s’imposer notamment en bookant des artistes de taille comme Flosstradamus, Tropkillaz, What So Not ou encore Aazar. Cette fois-ci, la nouvelle édition comporte une line-up de taille : Hucci, Tomsize, 8Er$, LH4L et Chahine. Violence.
Tranquillement, la soirée commence sous les hospices du français Chahine. Un warm-up de qualité à la bassline prononcée, ancrée dans le style plutôt lent – et fat – du DJ. On notera une ambiance déjà au rendez-vous, franchement chaude avec une foule qui s’amasse progressivement. Quelques pics de folie se sont fait ressentir : le passage de Sensei par exemple, une des très bonnes productions de Chahine, accompagnée de quelques pépites comme B2U de Boombox Cartel ou le remix de Knuck if you Buck par Sightlow. Pour un opening, réunir autant d’énergie n’était pas forcément chose aisée : cela ne pouvait qu’annoncer du bon pour la suite.
Crédits photos : Thomas Leibrech / Trap BLVD
Vers une heure et demie du matin, ce fut au tour de Tomsize d’assaillir les platines. La deuxième tête d’affiche, qui continue inexorablement de monter à l’international, labellisé Mad Decent et à la tête d’Unborn Records, n’était pas loin de déclencher l’alarme incendie du Zig Zag Club. Un set accueilli de manière explosive par le public, qui a reçu une méchante baffe musicale : impossible de ne pas parler de Jump, le titre phare de Tomsize et Simeon, qui a créé un joli pogo dans la salle et suscité les hurlements de la foule entière. S’en est suivi tout un tas de passages ultra-rythmés – Street de NGHTMRE, OG de TroyBoi ou encore le remix de Scary Monster and Nice Sprites par Yook!e -, la fine fleur de la trap music de gros calibre festivalier, parfaitement exécutée. Tomsize s’est même autorisé un petite page chill, avec son récent remix de Stressed Out, très apprécié des clubbers comme des internautes du monde entier (près de trente millions d’écoutes en deux mois, ça ne s’invente pas). Une prestation qui prouve bel et bien que le parisien a tout le potentiel pour s’étendre vers des contrées lointaines aux côtés des très grands du domaine, chose qu’il a déjà entamée avec un récent tour aux USA.
Crédits photos : Thomas Leibrech / Trap BLVD
Une heure après, la scène est reprise par l’artiste principal de la soirée : Hucci. Malgré son jeune âge, le londonien pèse déjà très fort dans le game et ce depuis des années. Le DJ a donc œuvré dans ce qu’il savait faire de mieux : un BPM plutôt lent, couplée d’une basse à démolir des murs en béton armé et empruntant beaucoup dans le trap rap. Mais surtout, Hucci s’est autorisé quelques phases réellement énergiques, ambiançant des teuffeurs déjà très chauds. Une petite perle que cet artiste jovial et continuellement souriant : le moment fort de la soirée fut indéniablement Ball So Hard, le morceau trap légendaire composé avec Stööki Sound qui a donné un joyeux bordel. Très joyeux. Le petit plus délirant, ce fut bel et bien Smells Like Teen Spirit de Nirvana, diffusé presque intégralement pendant la transition avec l’artiste suivant. Une manière pour Hucci d’aller saluer la fosse et s’y jetant à moitié – avec plein de joie et un grand smile – tandis que le lyonnais 8Er$ reprenait le flambeau.
Crédit photo : Thomas Leibrech / Trap BLVD
Concernant 8Er$ justement, qui a sorti son EP Cactus le 22 avril et, entre autres, membre du collectif d’Atlanta Block Society et labellisé Mad Decent avec ses morceaux Indestructable et Bailar, le moins que l’on puisse dire est que l’artiste a pondu un set tout particulièrement intense. Une trap plutôt sombre et métallique qui lui correspond tout à fait, ponctuée de gros hits comme MFU de Flosstradamus ou Core de RL Grime (difficile de tous les citer tant on en a pris plein les tympans). Nous avions déjà vu plusieurs fois 8Er$ ces derniers mois à Rennes et ce passage parisien s’en avérait assez similaire d’un point de vu qualitatif : plutôt une bonne chose, donc. On appréciera également la présence du DJ, plutôt dingue derrière les platines avec une gestuelle vraiment communicative.
Crédits photos : Thomas Leibrech / Trap BLVD
4h45 passé, la fin de soirée approche et la salle commence à laisser rentrer l’air frais. La fête n’est pas pour autant terminée puisqu’il reste un artiste, et pas des moindres : LH4L, autrement dit L’Homme aux Quatre Lettres. Directement issu de Point Point et agissant désormais en solo, le français a imposé son style unique pendant plus d’une heure. Rythme pêchu, frappes sans répit : LH4L possède un genre identifiable entre mille qui, certes, ne convient pas à tout le monde mais qui inspire un certain respect. Il a en effet réussi à créer quelque chose de très personnel, tout en gardant cette âme festive et qui lui permet de se faire réellement remarquer dans le clubbing. Ainsi, son set alternait bien souvent ses tracks propre à son style très « rapide » avec des passages résolument trap. Assurément la petite touche de fraîcheur de fin de soirée, assurée par des pas de danses uniques.
Crédits photos : Thomas Leibrech / Trap BLVD
Au final, on peut sans mal affirmer que cette nouvelle Trap BLVD est un petit succès. Forte d’une belle line-up, de beaux effets (on soulignera Souffler_Travail pour ses visus) de sets de qualité et d’un public réceptif (on n’a pas mentionné les twerks en pleine fosse, mais il y en avait et de beaux), la fête était savoureuse et assure bien l’organisation comme être l’un des mouvements de trap français principaux (on n’en doutait peu). On regrettera peut-être juste le sound-system parfois un peu faiblard, surtout vers le dernier tiers de la soirée, mais c’est bien peu quant au plaisir que proposait l’event. Mission réussie.
L’intégralité des photos est disponible depuis l’album Facebook de Trap BLVD ICI.