Le 10 juillet, le Showcase s’est transformé en fourneau. Un lieu marqué à jamais, au sol encore affaissé par les quelques deux mille personnes qui ont tenu à célébrer le trap par une folie énergique et communicative. Un abri d’aliénation, de bonne humeur et de puissance rythmé par des basses à la force divine : Paris a accueilli les ténors de la bass music et doit encore avoir la gueule de bois.
C’est un line up de rêve que nous a pondu l’équipe de TRAP BLVD : Flosstradamus, Tropkillaz et Flechette, épaulés des sympathiques YO-ZU et BAGARRE, ont donc investi le club pour délivrer la dose sonore tant teasée depuis un bon mois déjà. En tant qu’amateur du milieu musical, il était difficile de faire le ronchon quant à une telle programmation d’artistes. Après le premier set d’ouverture de YO-ZU, chauffant les danseurs avec sa Future Bass envoûtante, les choses sérieuses ont réellement commencé avec l’arrivée de Flechette. On peut dire qu’il y avait déjà du peuple.
Crédit photo : Gwenaelle Riskin Photographie
Les deux frères, que nous avons d’ailleurs eu la chance de rencontrer il y a peu, ont été annoncés seulement quelques jours avant l’événement : un joli coup d’éclat que les clubbers ont plus qu’apprécié. Il a fallu peu de temps pour que la température prenne son envol : la trap music s’est installée rapidement dans le cœur des gens. Armé de ses fameuses tracks au cachet unique, le groupe français a signé un set d’une heure environ et formidablement efficace. Un échauffement ? Sans doute un peu plus que ça tant Flechette était déjà attendu. Mais, assurément, une belle introduction pour les heures suivantes qui se sont avérées complètement folles.
Crédit photo : Gwenaelle Riskin Photographie
Tropkillaz. Duo brésilien actif depuis quelques années et vite monté grâce à des productions terribles, il s’annonce aujourd’hui comme un des acteurs majeurs du domaine : leur venue dans l’hexagone s’avérait une occasion immanquable. Une heure et demie de son aux échos tropicaux, au rythme dansant et à la basseline atomique, poussée par des hits que l’on ne présente plus comme Boa Noite ou Baby Baby. Plus généralement, Tropkillaz a performé avec un esprit musical unique et personnel : une présence humaine très calme couplée à des tracks chaudes, flirtant tout autant avec la saveur du sable brésilien qu’avec l’ambiance festive des favelas, la touche EDM en plus. Excellent.
Crédit photo : Gwenaelle Riskin Photographie
Puis, la fureur s’en est venue. A 3h30 du matin, alors que les jambes commencent à s’épuiser et que la salle ressemble plus à un hammam planté en plein milieu d’un dancefloor qu’autre chose, les stars sont arrivées : J2K et Autobot, qui forment Flosstradamus, se sont emparés des platines. Venus des Etats-Unis où ils y remplissent des stades entiers pour y foutre un bordel monstre, ils étaient clairement les artistes phares de la soirée. Fer de lance de l’événement, inutile de préciser que la population l’attendait impatiemment : c’était même une motivation pour beaucoup à traverser le pays entier afin de vivre l’aventure mortelle que Flosstradamus vend depuis des années au travers du globe.
Crédit photo : Gwenaelle Riskin Photographie
Prenez un baril d’acide. Mettez-son contenu sous pression, et tirer dedans au shotgun : le résultat vous prend littéralement aux tripes. Flosstradamus, ce n’est pas ça. Flosstradamus est déjà explosé, la pression est inutile : la folie est déjà lancée avant que vous n’ayez pu appuyer sur la détente. Electron libre chargé à bloc, on aurait pu croire à un véritable attentat tant la puissance qui se dégageait des enceintes, de la foule et des artistes semblait folle. Là où certains se contentent de crier sagement au micro, eux, pètent littéralement des câbles en se tenant debout sur la table de mixage et en gueulant à tout va avant de faire prendre au public une bonne grosse douche de bière. Véritables showmen, les deux producteurs ont un certain don pour mettre le public en ébullition : a contrario, leur prestation de mixage live s’apparentait plutôt à une jolie playlist déjà toute faite et quelques effets en direct. La normalité, diront certains, et on ne pourrait leur donner tort. Et à quoi bon faire cette remarque, tant le plaisir était présent ?
C’est simple, Flosstradamus a tout transcendé. Furieux, puissant, dévastateur : leur set s’est parfaitement marié à quelques milliers de clubbers complètement en délire. Pogos, fléchissements de bras, bonds, cris et sourires : un plaisir de plus d’une heure, intense et mémorable, qui prouve bien que le duo a une compétence particulière pour envoyer du lourd à travers des morceaux légendaires comme Mosh Pit, Crowd Ctrl, Soundclash, BYB ou bien encore leur fameux remix d’Original Don.
Crédit photo : Gwenaelle Riskin Photographie et Thomas Leibreich
Une fois le raz-de-marée d’adrénaline passé, ce fut au tour de BAGARRE dont le rôle était d’assurer la fin de soirée. Une phase un tantinet descendante évidemment, mais il est important de noter la qualité des tracks passées, toujours dans un registre trap avec une réelle touche hip-hop. Moins de personnes, plus d’air, l’ambiance festive continuait tout de même de se prolonger avec une piste de danse toujours bien remplie et plus que jamais peuplée de fêtards motivés à bouger leur derch.
Crédit photo : Gwenaelle Riskin Photographie
On regrettera tout de même l’accueil peu chaleureux des videurs du club, qui n’ont pas fait preuve de beaucoup de tact … Heureusement, cela n’a que peu entaché la fête (du moins, cela dépend pour qui, et nous tenons à le souligner) qui s’est avérée réellement excellente. En soi, une excellente nuit, la meilleure depuis bien longtemps et qui devrait rester graver dans les mémoires de l’EDM en France. Bien joué.
Vous pouvez retrouver l’entièreté des photos de la soirée prises par Gwenaelle Riskin et Thomas Leibreich à cette adresse.