Le très prolifique label Nowadays Records n’en finit pas d’attirer l’attention. Muni d’artistes tous plus intéressants les uns que les autres, il vient d’accueillir l’été dernier un petit nouveau du nom de Skence. Le producteur d’origine nantaise a notamment sorti l’album Home, une petite pépite dans le monde de la musique électronique.
Skence, ou Maxence de son vrai prénom, a la musique dans la peau depuis bien des années. Particulièrement doué à la guitare, il s’essaie vite à la production électronique et réalise plusieurs bandes originales pour la grande chaîne de télévision National Geographic. Cet aspect résolument vert, libéré et drôlement électrique le caractérise bien comme un artiste à part. Après quelques années et quelques mixtapes, Skence réalise l’EP Voyager : six tracks envoûtants qui justifient parfaitement le nom du projet. On sent bien l’envie du compositeur de proposer une expérience à part, personnelle et affinée jusqu’au moindre beat. Pas étonnant que Nowadays se soit intéressé à lui : il avait tout à y gagner.
Pourtant, son nouvel album est prêt depuis déjà plus d’un an. Concocté minutieusement après des mois de travail passionné, Skence attendait juste une plateforme appropriée pour sortir Home comme il se doit : l’attente est méritée puisque les critiques s’avèrent élogieuses et récompensent dignement les quatorze titres qui composent le projet. Skence est un artiste déterminé avec un sens musical aigu : s’inspirant d’artistes tels que Flying Lotus ou Onra, il compose ses sons au feeling, se laissant porter par ses humeurs, les opportunités qui lui sont données, son environnement. C’est entre autre sur cet esprit-là qu’il a bâti Home, qui s’apparente à un album humain. « Quand tu te regardes dans la glace, t’es pas toujours le même. Home, c’est pareil. C’est un projet qui représente aussi les différentes facettes de notre comportement. »
Bâti sur deux ans, l’album a demandé un énorme travail. « Ça me prend beaucoup de temps mais je préfère travailler longuement sur un morceau afin d’avoir quelque chose qui sera représentatif de mon esprit musical », avoue-t-il dans le fumoir du Social Club, lieu où il avait l’honneur la semaine dernière de jouer en tête d’affiche. Son frère comme les différents artistes du label présents se déclaraient eux-mêmes très emballés. « Maxence a vraiment, vraiment fait un bon album», précise l’un des beatmakers talentueux de La Fine Equipe.
On peut comprendre l’engouement. Ayant nous-même passé de nombreuses heures à écouter en boucle Home, on peut en déceler quelque chose d’intimement profond. Des vibes qui s’accordent tout à fait avec les dires et l’attitude de leur auteur : un voyage immersif dans un univers aux frontières du jazz, de l’opéra et du hip-hop, enrobé de musique purement électronique à la fois dansante, posée et délicieusement fine. Des sonorités éclectiques qui nous emmènent dans des contrées tantôt sombres, tantôt mystérieuses mais toujours lointaines. Home se paie même le luxe de faire venir quelques voix sympathiques : le chant de Raneen pour le doux track éponyme Home, ou bien encore le très bon rap de Calvin Davey sur le formidable The Traitor. Un ensemble qui s’accorde absolument et qui a le mérite de délivrer une envolée communicative à tous ceux qui l’écoutent.
Il est d’autant plus intéressant de s’intéresser à la conception de Home. « La composition des tracks était assez aléatoire. Je suis parfois resté un an sur un morceau, d’autres ont été bouclés assez rapidement. » Sans aucun doute, Skence a travaillé avec les tripes, accordant, ré-accordant en laissant parler son instinct. Aboutir à un résultat appliqué lui est essentiel. « J’ai aussi envie de me respecter », dit-il en rajoutant qu’il est impossible de bâcler un tant soit peu un de ses tracks. Il lui fut d’ailleurs difficile d’assembler les morceaux pour fonder l’album. Avec plusieurs dizaines de pistes composées, il lui fallait faire un choix afin de proposer une aventure complète et structurée. « En fait, ce que j’aimerais avec mon album, c’est qu’on l’écoute du premier titre au dernier. On ne peut pas les jouer en aléatoire… C’est un tout, un voyage. Si je peux arriver à transporter quelqu’un pendant quatorze morceaux, c’est génial. » C’est gagné Skence, c’est gagné.
On peut donc se demander, après ce beau succès, ce que prépare Skence dans un futur proche. Etant donné l’investissement conséquent qu’il fournit pour monter un nouvel album, il avoue qu’un nouveau skeud n’est pas tout à fait à l’ordre du jour même si le projet mûrit doucement et qu’il a déjà « des idées musicales » à réaliser. D’ailleurs, il n’exclut pas la possibilité de faire un maxxi entre temps : en attendant, Skence a plusieurs dates où il se produira prochainement. Au Chabada d’Angers et surtout à la Manufacture 111 de Paris le 28 janvier prochain, lors d’une soirée du célèbre et mythique magazine Trax qui a toujours été à ses côtés. Du bon à prévoir pour lequel on patiente sagement en écoutant en boucle le travail d’orfèvre Home : l’hexagone dispose de bien des talents dans l’industrie musicale.
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