Le vendredi 5 juin fut une soirée de folie au sein de la capitale française. Entre les festivités habituelles, les boîtes de nuit variées et un certain Weather Festival, les premières heures de ce week-end sur-ensoleillé rappellent à quel point il est bon de déambuler dans les rues nocturnes de Paris. Et plus particulièrement, les rues du deuxième arrondissement, où siège le Social Club, populaire lieu musical à la pointe de la programmation d’artiste.
Si la soirée devait à l’origine accueillir Mura Masa (tout de même en tête d’affiche), ce dernier a dû purement et simplement annuler sa venue en France pour cause de non-renouvellement de passeport. On plaint la grosse galère qu’ont dû vivre les producteurs d’Allo Floride qui ont finalement remplacé le producteur par le français Stwo, petite star du milieu nocturne épaulé par un certain Kaytranada, dont les morceaux les plus savoureux furent d’ailleurs joués dans la nuit. Le public semblait heureux.
Si le londonien Cadenza, soutenu par des grands tels que Diplo ou Toddla T entre autres, a eu la tâche de chauffer l’ambiance jusqu’à 00h30 à grand coup de chill-basses et d’une progression plus énergique vers la fin de son set, les choses sérieuses ont commencé avec l’arrivée de DJ Greem. L’homme n’est plus à présenter : DJ du fabuleux groupe Hocus Pocus et membre des célèbres C2C, le CV de ce musicien de talent impose. Avec cette venue, plutôt inattendue, au Social Club, Greem prouve définitivement qu’il n’a pas besoin de ses fidèles compères pour mettre tout le monde d’accord : il a servi à la foule environ une heure et demie de pur bonheur. Au-delà des tracks choisis pour son set, relevant aussi bien de la trap, du funk, ou d’une house ambiancée du plus bel effet, Greem impressionne par son ingéniosité à manipuler les outils sonores en live. Scratchant, samplant, composant en direct sans cesse, le monsieur a livré une prestation tout simplement remarquable et, à notre avis, musicalement plus intéressante et jouissive que les autres artistes du line-up. On sent que les quatre titres de champion du monde DMC n’ont pas été gagné pour rien.
Ce qui n’a, bien entendu, pas empêché Stwo de lui succéder parfaitement. On passera le bug sonore du câble jack rendant la transition un tant soit peu… originale : la bonne musique était là. Oscillant entre le hip-hop à la basseline (très) lourde et de la Futur Bass envoûtante, Stwo a largué du son qui a mis le peuple en ébullition. Vraiment. Le tee-shirt imprégné de bière de votre rédacteur peut en témoigner. Pas à un seul moment, l’ambiance est redescendue à un niveau un tant soit peu froid : Mura Masa fut bien remplacé. L’américain Sángo du label Soulection, reprenant la suite du show vers trois heures et demie du matin, a continué dans ce même style aux basses démesurées, au rythme lent mais terriblement puissant. L’artiste s’est tout de même offert le petit kiff d’offrir un 1er Gaou retouché, valeur sûre de la danse.
La fin de soirée fut assurée par MiM, s’inscrivant lui aussi dans un registre Futur Bass atmosphérique terriblement envoûtant. Le parisien a clôturé la fête sous des sons à la structure audacieuse et au rythme particulièrement travaillé : on notera surtout le passage de ses compositions personnelles, petites perles de l’univers nocturne, vers lesquelles on vous redirige ici. Au final, le Social Club a offert une fois de plus un line-up performant, à notre sens un peu dominé par DJ Greem mais laissant la part belle aux autres interprètes qui ont signé des prestations excellentes, soulevant un public qui s’était plongé dans une transe dansante. Le 142 rue Montmartre, c’est quand-même plutôt cool.
Les autres photographies de la soirée par Ben Lorph sont disponibles ici.