Christopher Dixit fait clairement partie de la team des producteurs dont on entendra bientôt parler sur pas mal de fronts. Le jeune homme fait son incursion dans le monde musical électronique… et avec brio : signé sur le label Nowadays Records (Fakear, Douchka, La Fine Equipe), il a sorti en avril son premier EP, CINQ. Un projet formé de ses talents de beatmaking certains : surfant sur une vague de futur bass et de trap joyeuse, Christopher Dixit vient de proposer le 17 juillet dernier L.B.B.M. (LITTLE BLACK BEARD’S MOOD), comprenant cinq de ses nouvelles créations.
Christopher Dixit installe un univers plutôt reconnaissable, ce qui de nos jours s’avère primordial pour s’affirmer parmi les dizaines de producteurs qui tentent de percer. Ses sons, qui mêlent une certaine déstructuration musicale avec une drôle d’homogénéité, sont particulièrement intéressants à étudier. Légèrement mêlé à un univers vidéoludique, touchant du doigt un monde futuriste japonisant et s’invitant en même temps dans une profonde vibe hip-hop électronique, l’envoûtement est difficilement évitable… Et pourtant, L.B.B.M. propose une profondeur qui pourrait déstabiliser bon nombre d’auditeurs : c’est sans doute ce qui rend l’EP si particulier.
La première track, Blablabla, ouvre le projet avec un rythme excellent et un réel esprit joyeux qui nous fait plonger dans le monde du beatmaking. La bassline, qui s’installe au bout de quelques boucles, donne une belle profondeur au titre qui, couplée à des synthés et des samples presque rétro-futuristes, s’avère particulièrement plaisante.
Blue, quant à elle, propose d’entrée de jeu un terrain sonore plutôt mystique et gracieux. Des échos nostalgiques résonnant à un charme mélancolique, rythmé par des frappes sèches et énergiques. On sent véritablement la volonté de Christopher Dixit de présenter un univers qui lui est propre, et la recette fonctionne plutôt bien : c’est notamment grâce à un drôle de cachet, donnant des impressions de tracks qui s’éparpillent dans leur structure et qui, pourtant, s’analysent comme très bien maîtrisées de bout en bout.
Le troisième morceau, Mini Synthèse, s’inscrit davantage dans un registre futuriste « néonisé » : des voix digitalisées au beat rapide – hachuré et aux multiples crochets rappelant une certaine trap music – elle s’avère comme très complète, mixant plusieurs matières. Une track prolongeant le petit cosmos du beatmeaker, comme si la production s’inspirait de son tempérament touche-à-tout (il est également photographe et membre du collectif OKAMI)… et c’est certainement le cas.
No Money, titre suivant, est sans doute l’une des musiques les plus colorées de l’album, incitant à s’embarquer vite dans sa bagnole dévaler une côte floridienne. Léger, dynamique et empruntant parfaitement au style de son auteur, on aime beaucoup l’esprit qui se dégage de ces quatre minutes de futur beats à l’âme ensoleillée et plutôt profonde.
Une belle petite aventure avant la track de clôture Moshi Moshi, à l’introduction résolument nippone, qui envoie un bon gros son aux synthés puissants pour enchaîner avec des phases rythmiques plus softs à la montée en tension atmosphérique.
Au final, L.B.B.M. se découvre comme étant une belle évasion musicale, échappant aux titres cuisinant encore et encore la musique électronique de façon fade et commerciale. Ici, Christopher Dixit a sans doute voulu s’exprimer par ses beats libres, voyageurs et faisant voyager : la composition peut surprendre mais se constate comme profonde et fouillée, installant une enveloppe musicale que l’on a hâte de réentendre prochainement. Dixit, on croit en toi.
L.B.B.M, de christopher dixit
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