Aaah, Flume ! Un artiste que l’on affectionne tout particulièrement chez EDM France et qui a sorti il y a un peu plus d’une semaine son nouvel album, Skin. On en parlera un peu plus tard dans cet article, mais on commence d’abord par une simple question : pourquoi est-ce qu’on aime autant Flume ?
Harley Streten de son petit nom est un australien qui a débuté sa carrière avec Sleepless. Son tout premier single, distribué par le (superbe) label Future Classic en 2011, est accompagné de deux autres titres : Over You et Paper Thin. Après cette sortie assez remarquable, il produit quelques remixes. Parmi ceux-ci se trouve la perle qui nous a rendu amoureux du son de Flume : son remix de HyperParadise, d’Hermitude. A l’époque, un son totalement nouveau, totalement frais, qui définira son genre et qui reste même aujourd’hui un de nos morceaux préférés. S’en suit un premier album éponyme, tout aussi bon. Un disque principalement instrumental mais avec quelques très bons featuring (Chet Faker et George Maple, entre autres). Les beats s’enchaînent, on se prend des claques régulièrement et on en redemande : l’album tourne en boucle à sa découverte. Les radios australiennes sautent sur Flume assez rapidement, mais il met chez nous un peu plus de temps à se faire connaître du grand public. Il aura fallu une simple publicité pour lancer la machine Flume en France.
Flume, on l’aime parce qu’il a su être original. Il a su se démarquer d’autres artistes tout en apportant un vent de fraîcheur sur la scène électronique et sur les postes de radio. Radios qui ont quand même tendance à diffuser des titres préformatés, génériques au possible pour plaire au grand public, Flume faisant office d’exception. Il a par ailleurs réussi à influencer une grande partie de la scène, entraînant des jeunes artistes à s’essayer au style d’Harley. Parmi eux, on retrouve Mazde, Louis The Child, quelques uns de nos amis de chez Nowadays Records et une grande partie des artistes labellisés « Future Bass ».
Bien entendu, après tout cet amour, quand on a appris le retour d’Harley avec un nouvel album, on était super content. On était hyped. Peut être un peu trop tôt d’ailleurs : l’équipe marketing a commencé à teaser l’album six mois avant sa sortie en lâchant progressivement quelques previews et singles. Et comme souvent dans ce genre de cas, l’engouement monte, monte, monte… jusqu’au moment où l’on possède enfin le disque dans ses mains et que l’on s’apprête à écouter tout le rêve que l’on nous a vendu pendant les mois précédents. Parfois, la déception est grande (au hasard dans le sac : Audio Video Disco de Justice, Love Death Immortality des Glitch Mob). Et parfois, mais plus rarement, l’album répond à nos attentes.
A notre plus grand dam, Skin est pour l’instant entre ces deux sacs. L’album commence fort avec Helix, un morceau instrumental dans un style très flumesque (étonnant n’est-ce pas ?), une introduction épique qui nous murmure dans le coin de l’oreille : « Tu verras, tu vas kiffer la suite ». S’en suit l’incontournable Never Be Like You, une track teasée il y a quelques mois de cela et qui s’avérera être une de nos préférées du LP. Elle impose un ton beaucoup plus pop en grande partie grâce au vocal apposé au titre, une caractéristique qui va définir pas mal de morceaux par la suite. Il y a en effet beaucoup plus de featuring que dans son album précédent, peut être un même peu trop. Même si Lose It sait se montrer efficace, le flow de Vic Mensa peut ne pas être au goût de tout le monde. Même si l’instrumental de Say It est sympathique, Tove Lo n’apporte malheureusement rien au morceau et le rend même un peu fade.
Fort heureusement pour nous, certaines tracks sont bien mieux accompagnées ! On mettra dans ce panier Innocence, avec la participation d’AlunaGeorge. Un morceau qui rappellera les featuring du premier album où le chant ne constitue pas tout le temps la piste principale, mais un nouvel instrument plus discret avec lequel Flume joue pour embellir le tout. On retrouve aussi le groupe Little Dragon, qui apporte une superbe touche à la montée de Take A Chance, pour laisser ensuite la place à un drop très appréciable à la sauce australienne. Et on finit en beauté avec Tiny Cities, accompagné par Beck que l’on retrouve dans un style qui ne lui est pas commun. Un titre très poppy, mais incroyablement délicieux.
Et là, vous vous dites que nous avons oublié la moitié des tracks. Ne vous inquiétez pas, nous ne les avons absolument pas zappées. Elles méritent effectivement un paragraphe à part puisqu’elles rompent avec la touche pop du reste de l’album. On se retrouve avec des morceaux en grande partie expérimentaux, où Flume s’éclate avec les sons. En résulte le très réussi Pika, un petit voyage sonore qui fait du bien aux oreilles, le moins bien réussi 3 au sample vocal presque énervant, et d’autres titres que je vous laisse découvrir.
Flume nous livre donc un album en demi-teinte, où il essaye de contenter à la fois le grand public, mais aussi les fans de son premier album qui recherchent son côté original et aventurier. Certains considéreront qu’il s’agit du parfait équilibre entre les deux. D’autres diront qu’il aurait plutôt dû se focaliser sur un public et un style précis. Nous, on reste indécis. Les quatre ans qui séparent les deux LP ont permis à beaucoup d’artistes talentueux de s’inspirer, ou même de s’approprier, le style d’Harley pour en faire un tout parfois mieux réussi. On pensera notamment à Mura Masa qui du haut de ses dix-neuf ans enchaîne à une vitesse folle d’excellents morceaux.
Même si Skin est un album qui divise au sein de la critique, nous vous invitons à l’écouter pour vous faire votre propre avis. Dans le lot il y a quand même pas mal de titres qui méritent d’être écoutés.