Il y a des fois comme ça, où la petite sphère de la vie nocturne s’emballe et monte haut dans les tours. Très haut. D’un niveau stratosphérique, en fait. Quand l’un des artistes les plus influents de la scène électronique actuelle, nous avons nommé Skrillex, annonce en plein après-midi qu’il aimerait bien faire un petit mix le soir-même dans la capitale, Mère Nature semble automatiquement dégager la voie. C’est ainsi qu’en trois heures et demi, le très sympathique label Record Record s’est démerdé, en partenariat avec le label du californien OWSLA et en usant de toutes les ressources possibles, pour organiser un événement au line-up plus que prestigieux à la Machine du Moulin Rouge. OKLM, comme dirait le poète du 92 : instantanément, le bruit s’émancipe et la soirée se transforme en buzz national. Il faut dire qu’une telle annonce n’est pas franchement habituelle, d’autant plus quand le prix de la place est de… dix euros. Forcément, les gens s’énervent, frustrés de ne pouvoir se débloquer en pleine semaine pour assister à ce qui s’annonce comme une des soirées phares de 2016. On peut les comprendre, c’est véritablement rageant. Pour les autres plus chanceux, la joie était au rendez-vous et émanait de tous les pores de leur peau. On comprend aussi.
I’m in Paris 🔵⚪️🔴 and I’m trying to play some dubstep tonight can someone help ?
— SKRILLEX (@Skrillex) 27 Janvier 2016
okay I so I’m gunna Dj at La Machine Du Moulin Rouge tonight at 1 am. 10€ at the door for the streets 🔵⚪️🔴
— SKRILLEX (@Skrillex) 27 Janvier 2016
Programmé à 1h du matin, Skrillex s’est clairement fait attendre. Avant lui, Kyu Steed se devait d’ouvrir la soirée, mais autant dire qu’on ne l’a pas beaucoup entendu : à artiste phénoménale, file d’attente phénoménale et le quartier du Moulin Rouge avait des aires de Zenith surblindé. Cependant, l’artiste et son successeur Ateph Elidja du crew Record Record ont tout de même réussi à chauffer doucement les gens à l’aide de sets électro-house-trap-future bass (le grand melting-pot). La salle s’est progressivement remplie pour atteindre son quota maximum, mais il faut bien avouer qu’au-delà d’une heure du matin, la foule commençait à s’impatienter fortement. Dure tâche alors pour l’actuel DJ de ne pas refroidir l’ambiance – ce fut un peu le cas – et de précéder l’immense Skrillex. C’est donc avec un peu de retard que le fameux artiste débarque… dans une atmosphère complètement folle.
Crédit photo : MIKO
Cela aurait presque pu ressembler à test de résistance de la Machine du Moulin Rouge. Des fêtards à perte de vue, excités à la montée de la star sur la scène ; les projecteurs dorés rivés sur l’estrade qui s’accouplent furieusement aux cris et applaudissements incessants. Personne ne s’attendait, encore quelques heures plus tôt, à assister à un set de Skrillex ! Et Dieu sait que l’homme n’a pas fait dans la dentelle : ce fut là l’un des sets les plus badass depuis bien longtemps. Dubstep ravageur, bien évidemment en passant par ses tubes phares mais aussi et surtout beaucoup de remixes énervés, officiant bien souvent dans un trap furieux et démesuré, puisant dans les sonorités les plus aguicheuses. Une prestation monstrueuse, desservie par des transitions bien rodées (mais formidablement puissantes) et surtout, un public timbré enchaînant pogo sur pogo. Pas forcément la pratique de danse la plus agréable – et d’ailleurs, il était franchement dur de faire deux pas devant l’autre, de respirer voire même de danser – mais elle témoignait d’une intensité dingue comme l’on peut rarement le vivre lors d’une soirée.
Crédits photos : MIKO
Petit délire : l’apparition de la célèbre Iggy Azalea, se dandinant en chantant débout sur la table, qui a fait monter l’excitation d’un cran. Bon, honnêtement, le talent n’était pas vraiment là. Mais impossible de nier qu’il est toujours sympa d’assister à genre de représentation… d’autant plus quand une autre artiste, CL, se ramène pour un petit live du track Doctor Pepper de Diplo. La folie ? On en était pas très loin. Skrillex aura finalement pondu bien plus d’une heure et demie de musique et aura très certainement réjouit la grande majorité de la salle. Plutôt dingue.
Crédits photos : MIKO
S’en est suivi Aazar, tiré du groupe Point Point, carrément chaud, qui a eu le difficile exercice de succéder à la tête d’affiche. Comme on pouvait s’y attendre, le phénomène Skrillex passé, la foule s’est bien vite vidée pour atteindre une densité plus raisonnable et vivable. Aazar a donc pu lâcher un set essentiellement trap, violent et énergique. De même pour le duo Alesia, de Point Point également, qui passait juste après en b2b avec Aazar : deux prestations homogènes, terriblement ambiancées et faisant dans une brutalité percutante (mais diablement bien orchestrée). Les clubbers ont même eu droit à un petit bonus, soit ni plus ni moins que le retour de Skrillex pour un b2b2b2b ultime, sauvage, jovial. La dernière heure de la fête fut d’une belle qualité : alors qu’il ne restait peut-être plus qu’une centaine de personnes, un peu plus peut-être, le californien s’est amusé à venir dans la fosse pour tripper, danser avec son public, prendre des photos entre deux drops lancés par ses collègues… en soi, simplement prendre du plaisir humain et en donner. Une soirée surprise monstrueusement intense et bouleversante que l’on n’est pas prêt d’oublier.
Crédit photo : MIKO
®® & OWSLA present« Something has changed this week in Paris, a new era is about to born.
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– ®® Family –video by chivteam
Posté par Record Record sur vendredi 29 janvier 2016