Rares sont les moments où une poignée d’artistes internationaux s’associe dans une soirée riche en décibels dans nos contrées et pourtant, c’est le pari fou – et réussi – qu’ont eu Fun Radio et Ushuaïa Ibiza Beach cette nuit en « délocalisant » les DJs d’Ibiza… vers Paris ! Une première édition pour Fun Radio Ibiza Experience, fraîchement réussie, qui laisse place à la découverte de nombreux sets tous aussi personnels les uns que les autres. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’événement aura été un sacré bordel. Outre l’aspect commercial de la soirée, inévitable, Fun Radio a réussi à retourner l’AccorHotels Arena en offrant une line-up de qualité à ses invités.
À grosse soirée, gros dispositif : c’est certainement comme cela qu’ont raisonné les organisateurs de cette fête accueillant plus de 15 000 fans, parfois venus des quatre coins de la France. On admet que malgré quelques places gradins encore disponibles, la fosse et la grande partie des étages étaient pleines à craquer. C’était le défi risqué de cette soirée : les DJs ont sacrifié leurs cachets contre une présence colossale dans la salle et à la radio. Cela explique grandement que les artistes n’ont quasiment diffusé que leurs propres sons, ou tout du moins un peu plus que d’habitude.
Tout était prêt : un live en streaming sur le site officiel ainsi qu’une présence à l’antenne plus qu’animée, avec un before orchestré par les trois DJs résidents Fun Radio (Mico C, Adrien Toma et Maeva Carter). Le pré-set avant 20H a bien chauffé la salle grâce au duo Kimotion.
Un set avec énormément de puissance et d’assurance. On aurait presque préféré une ouverture par Don Diablo, le second DJ de la soirée, qui a assuré un set plus « chill » ponctuée d’une electro-house se savourant les yeux fermés. Une atmosphère mais qui a du coup légèrement redescendu la pression de l’AccorHotels Arena. Aucunement la faute à un set moyen, au contraire excellent : l’inconvénient d’un « tout public » est qu’une partie ne connaissait pas ou que de nom le DJ néerlandais.
De plus, le duo Axwell Λ Ingrosso a été programmé en première partie, la faute à un impératif horaire les obligeant à se rendre à Frankurt en Allemagne, directement après la fin du set pour enchaîner sur un autre show. Bookés les bonhommes.
En troisième partie, c’est Oliver Heldens qui a mené la barque et proposé, à son tour, un set monstrueux. Une sorte de condensé de sa dernière performance, que l’on avait apprécié à l’Atrium de Reims. Prendre le meilleur d’un set de plus de deux heures pour en faire un de quarante minutes est une idée fantastique : Renegade Mastah édité pour l’occasion, Melody, The Right Song, Gecko, rien n’a été laissé au hasard. C’est exactement ce que l’on voulait. Propre.
En quatrième et cinquième partie, nous avons eu le droit à la venue du duo néerlandais Showtek, puis R3hab, sûrement l’un des plus attendus et qui correspondait à la plus grande majorité du public : des remixes d’artistes internationaux à foison, des titres mondialement connus en duo avec entre autres Calvin Harris, KSHMR, Hardwell, Sander Van Doorn, et bien plus encore… Rien que ça, oui !
Deux sets bien ficelés bien que prévisibles, avec d’un côté toutes ses retouches telles que Bitch Better Have My Money de Rihanna, Tiger et Strong de R3hab. En soi, un très joli set pour R3hab, à l’instar de Showtek, enchaînant eux deux tous leurs classiques (on se souvient de How We Do ou Bad de David Guetta, et surotut Booyah). On notera l’apparition dans le set d’un tout nouveau titre en featuring avec Major Lazer, que l’on vous laisse découvrir plus bas. Le tout était artificiellement géré par l’équipe des effets spéciaux, avec des backgrounds magnifiques et des transitions parfaitement maniées.
À ce moment de la soirée, on se dit que si la fête s’était arrêtée là, globalement, ça aura déjà été une soirée franchement réussie, sans avoir de quoi s’extasier non plus par rapport à l’étendue énoncée de l’événement. Mais, car il y a un mais, c’était sans compter sur le dernier de la line up. Martin Garrix. Le seul et l’unique à qui l’on aurait pu demander de fermer le bal. Directement, une hausse du son se fait ressentir, impossible de savoir si le DJ a poussé un peu plus que la limite le sound system de Bercy – excellent au passage – ou si le public a eu un instant de frénésie. Les premières secondes et l’intro symphonique au piano laisse prévoir quelque chose de puissant. On ne s’était pas trompé. Rapidement, l’AccorHotels Arena a balancé tout ce qu’il pouvait et ce qu’il lui restait en artifices. Le public en gradins et en fosse devenait hystérique et le remix Animals (Botnek edit) a sûrement été l’un des moments les plus épiques de toute la soirée. Le jeune néerlandais sait y faire et l’a encore une fois prouvé pendant près de cinquante minutes : la plus longue et intense des performances proposées ce soir. De Poison à Turn Of The Speakers en passant par un remix prenant de Can’t Feel My Face de The Weeknd, il y avait de quoi faire.
Côté animation, rien ne va plus : on se permet même d’envoyer des dragons géants pilotés à distance. Une fin grandiose tant le fil de la soirée a changé après l’arrivée de Martin Garrix, emportant avec lui de nombreux titres non commercialisés et utilisés pour l’Ultra Music Festival. Quelques extraits de tous ces ID :
Une soirée qui restera dans les mémoires dont nous saluons l’initiative, initiée par les deux frères français Romain et Yann Pissenem, les propriétaires de l’Ushuaïa Beach Club à Ibiza. Une première édition haute en couleur et propre à ce que l’on aime : du show de qualité, accessible à tous.
En imaginant qu’une seconde édition aura lieu et en se basant sur les mêmes critères, on pourrait imaginer plus tard quelques artistes du genre aux commandes : Armin Van Buuren, Hardwell, Nervo, David Guetta, Carl Cox et pourquoi pas plus encore. Vivement.
Crédit photo (cover) : Maxime Villalonga