Qu’il était attendu, ce dimanche. Un 21 février sous le signe du serpent : ce serpent-même qui ne cesse de faire avancer la scène électronique depuis déjà des années. DJ Snake, notre producteur et DJ français fétiche, a littéralement bousculé la capitale, piétinant toutes les autres activités parisiennes du même soir. L’auteur de Turn Down For What, Get Low, You Know You Like It ou encore du célèbre Lean On avec Major Lazer s’est imposé : d’abord un gigantesque concert à l’Olympia, puis un showcase privé au YOYO du Palais de Tokyo… On y était, on a toujours un peu mal aux jambes, mais on pense que ça valait le coup d’y jeter un œil.
Crédit photo : Anthony Ghnassia
C’est donc dans la mythique salle de l’Olympia, à Paris bien sûr, que la soirée fit ses débuts. Et quels débuts… Il semble important de préciser que l’événement affichait depuis déjà des semaines une jolie mention « Sold Out », témoignant du grand engouement de la part du public. La dernière fois que Snake était venu jouer dans la ville lumière, était en été 2015 au Showcase, ce qui avait déjà provoqué quelques émeutes musicales : ici, l’excitation était sans doute encore plus forte. C’est une fois les quelques milliers de personnes entassées, en fosse comme en balcon, que la musique vint se frotter aux nombreuses oreilles présentes. D’abord une première partie, assurée par les deux membres du très cool groupe Point Point (qui forment Alesia), qui n’a pourtant pas forcément convaincu tout le monde… Comme à tous les concerts d’envergure, chauffer la foule n’est jamais chose aisée. Dans le cas présent, disons simplement que nous avions là un set très propre, parfaitement exécuté, aux mélodies joviales teintées de future bass mais qui n’a malheureusement pas été mis en valeur par la sono, clairement insuffisante. Plus d’une personne se plaignait de s’entendre allègrement parler et l’on peut comprendre cette déception auditive des premiers instants. Malgré tout, la musique était quand-même foutrement sympa.
Le truc intelligent ? Un surplus sonore conséquent, rajouté pour DJ Snake, s’activant lors de son entrée sur scène. Autant le dire tout de suite : on avait quelque chose de potable… mais souffrant toujours d’un petit quelque chose en moins. Plus simplement : aussi belle et légendaire soit la salle de l’Olympia, elle n’est pas adaptée pour le son de club. Vraiment pas. C’est comme ça, et il fallait faire avec. Mais, franchement, il y avait tout à fait de quoi péter des câbles d’excitation… On se mate l’entrée extraordinaire de DJ Snake ?
DJ SNAKE INTRO !!!
Posté par Stephen Ashton Kervoelen sur dimanche 21 février 2016
Crédit vidéo : Stephen Ashton Kervoelen
Oui, c’est monstrueux. La scène, arborée de pics luminescents et bordant un énorme visual mapping, donnait des aires de dieu au parisien. La machine était lancée : autant dire qu’un gigantesque bordel s’est mis en place dans les premières secondes. Sensationnel. DJ Snake, fort de ses expériences internationales, sait y faire pour faire monter la pression avant de faire exploser la salle entière en un rien de temps : nous avons eu là le meilleur de la bass music à la Snake, plongeant dans les hostilités trap de Flosstradamus, Cesqeaux ou encore Jack Ü, s’alliant à la bass des autres plus grands (Feel The Volume, on en parle ?) puis bien sûr, tous ses plus grands hits, donnant lieu à des folies monumentales et d’innombrables pogos. Le délire. On notera d’ailleurs Get Low, où Snake s’y est pris à plusieurs fois avant de réussir à faire accroupir toute la salle (!) avant de la faire décoller au moment du drop. « Je ramène toute ma team ici, à l’Olympia en France, et Get Low s’annonce même pas parfait ? PARIS, CA VA ÊTRE UN BOR-DEL ! » Il l’avait prédit. Ce fut un bordel titanesque. Mais aussi, en dehors de ses plus grands tracks, DJ Snake a su également être touchant.
Crédits photos : Jordan Camelo / Katarina Tmtjc
Certaines personnes essaient de nous diviser… Mais vous, moi, les gens dehors là… C’est NOUS la France. Nous tous. Et ça bougera pas. »
Peut-être s’agit-il là d’un genre de sermon répétés par tous les artistes français, peut-être que certains y verront une sorte de manichéisme endoctrinant et peut-être que d’autres gobent bien des choses par naïveté – peut-être est-ce notre propre cas, d’ailleurs ? – mais dans un tel contexte, Snake semblait réellement sincère. Cela peut paraître con, mais venant d’un artiste qui ne cesse de se dépêtrer pour valoriser son pays dans les plus grands états du monde, à un rythme effréné qui plus est, on ne peut qu’applaudir. Car il a bien raison. S’il y a une chose qui unit les cœurs, les peuples, les langages et mêmes les religions, c’est clairement la musique : teintée de basses 808, recouverte de spots de lumière complètement dingues ou dansée sauvagement en s’écrasant les sneakers, oui, on pense s’être bien uni ce soir-là, et avoir représenté les valeurs de toute une génération. Dans la sueur, les sourires, la fatigue, les hurlements, les incessants « ICI-C’EST-PARIS », on était plutôt bien dans nos baskets. Il y a des jolis moments, comme ça…
Crédit photo : Anthony Ghnassia
C’est donc après une heure-et-demie de set musclé, avec ses phases ultra-énergiques mais aussi ses moments plus tendres (on pense notamment à You Know You Like It, Middle ou Lean On), que le célèbre artiste a remercié une dernière fois son public – après avoir fait un bonjour lointain à sa mère au micro, qui assistait pour la première fois à un live de son fils. Pour beaucoup, la soirée touchait à sa fin (il était environ 23h) et s’annonçait pourtant déjà extraordinaire. Mais pour beaucoup d’autres, carrément chanceux, c’était le temps depuis déjà une heure de se rendre au YOYO, situé sous le Palais de Tokyo, pour le showcase privé de Snake toujours, organisé en partenariat avec HP et accessible uniquement sur invitations. C’est donc une salle (absolument formidable de base, soit dit en passant) remaniée que nous avons redécouvert : des spots HP un peu partout, des tablettes Surface accessibles sur les bords de la fosse, des stands photos et carrément une régie temporaire d’installée… On avait là un YOYO sous le signe du marketing, oui, mais du marketing bien fait. Le balcon, réservé aux VIP, accueillaient quelques têtes connues de footballeurs, youtubeurs et autres artistes tandis que la fosse, remplie à ras bord, étaient accessible à tous.
Comme l’on peut s’en douter, ce fut encore une fois un joyeux bazar. Le seul regret : que cette soirée privée chevauche sur celle de l’Olympia, empêchant alors les chanceux spectateurs du concert d’assister aux premières parties de la soirée du YOYO. Et quelles premières parties ! Tout d’abord assurée par DJ Greem (Hocus Pocus) et DJ pFeL (Beat Torrent), deux artistes ultra talentueux « juste » quatre fois champions du monde DMC d’affilés (avec 20Syl et Atom en le nom du célèbre crew C2C), ce début de soirée privée s’annonçait terriblement puissant. Pour ceux qui ne connaissent pas les personnages, il s’agit là de deux scratcheurs renommés qui ont littéralement donné des leçons de DJing à beaucoup de personnes de la salle. Puisant dans un registre plutôt hip-hop et old-school, il s’agissait d’une belle démonstration musicale et qui, surtout, a prouvé plus que jamais l’instrumentalisation d’une platine. Bien sûr, beaucoup n’étaient pas encore tout à fait chauds, mais que nenni : ce fut bon. S’en est suivi Dombresky : signé chez Record Record et s’inscrivant largement dans un registre bass-house sombre et ryhtmé, la foule s’est vite ambiancée grâce à un set vraiment très efficace. Dommage seulement qu’il n’ait pu partir dignement lors de l’arrivée de DJ Snake, tout droit venu de l’Olympia donc, qui sous des contraintes événementielles a dû céder rapidement sa place au serpent. L’heure était donc venue pour la star de la soirée d’enchaîner son deuxième set de la nuit face à des clubbers tout autant surexcités que le précédent spectacle.
Crédits photos : Sara K. / Jan Philip
Encore une fois, Snake n’a vraiment pas fait dans la dentelle. L’excellent sound-system du YOYO, l’un des plus performants de toute la ville, a une fois de plus fait ses preuves faces à des tracks plus costauds les uns que les autres. Si le set ressemblait beaucoup à celui de l’Olympia, quelques grosses variantes s’y sont tout de même glissées. Une plus grande intensité au niveau de la construction notamment, puis quelques phases diverses, directement venues des influences de… Tchami et Mercer (qui a d’ailleurs remixé Propaganda il y a peu). On connait les deux pour être très copains avec Snake, mais on ne s’attendait pas forcément à les trouver sur scène. « Je suis pas venu seul, ce soir… » dit l’artiste avant de faire monter les deux bonhommes sur la scène. Explosion de joie immédiate au sein de la fosse.
Crédit photo : Pierre Chabert
Mais surtout, ce showcase avait bien des réserves avec des moments formidablement épiques. Vers la fin du set, au moment de Propaganda, c’est ni plus ni moins qu’un pogo, un wall of the death demandé par Snake en personne, des canons à fumée qui s’enjailleraient presque eux-même et surtout, un largage de confettis absolument délirant qui se sont invités sur les basses démentes de la déjà culte musique… avant qu’elle ne soit remixée au drop suivant. Ça se passe juste en-dessous, et c’est tout simplement une pure folie :
DJ Snake au YOYO – PropagandaPour ceux qui ont raté la soirée #HPLounge d’hier soir, on tenait à vous montrer la folie orchestrée par DJ SNAKE, accompagné de Mercer et Tchami…
Un report’ de cette énorme soirée DJ SNAKE sort incessamment sou peu, stay tuned
Posté par EDM France sur lundi 22 février 2016
Crédit vidéo : EDM France
La fin du set était proche. Snake l’a d’ailleurs lui-même annoncé : il va jouer un dernier morceau. Et quoi de mieux que de faire plaisir à son public en lui demandant directement ce qu’il préférerait ?
« Hein, Gradur ? Je crois qu’il est au balcon en plus. Attendez, articulez (rires) ! Lean On ?! Sérieux je l’ai entendu déjà deux millions de fois cette chanson, pas vous ? »
Un dernier titre donc, puis un petit autre, et encore un, histoire de couvrir la séance de photographie et de dédicaces, avant de quitter définitivement le public parisien. Sacrée soirée. DJ Snake a prouvé ces dernières années qu’il était capable de produire des sons excellents, de s’imposer aux plus grands festivals et aux côtés des plus gros noms… Son influence n’est plus à démontrer. Mais ici, ce dimanche soir 21 février, il s’est aussi montré comme un mec humble, content de revenir à Paname et finalement très humain. Un DJ communicatif, qui aime foutre le bordel, parler, crier, foutre le feu derrière lui. Le genre de week-end comme on les aime : juste, merci.