C’est un fait : Diplo est un incontournable de la scène musicale moderne. À la tête du label Mad Decent et des dizaines de fêtes éponymes qui comportent un sacré nombre d’artistes plus que prometteurs, l’américain originaire du Mississipi est en plus un producteur talentueux puisqu’il fait partie du trio Major Lazer et du duo Jack Ü (ce dernier fondé avec un certain Skrillex) tout en agissant en solo à ses heures perdues. Deux casquettes, de businessman et de compositeur donc, qui rendent Sir Thomas Wesley Pentz un acteur majeur de l’industrie sonore qu’il nous était difficile de louper lors de son passage à Paris le 1er octobre. Un passage occasionné par la tournée européenne de Major Lazer, prenant ici place au mythique Olympia : un concert qui fut d’une intense qualité, alimenté d’une ambiance de folie et d’un show minutieux de la part des artistes (on entend par là le fameux groupe, mais aussi MØ, les techniciens et les nombreux danseurs).
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DOWNLOAD – http://smarturl.it/PITMiTunesPosted by Major Lazer on lundi 5 octobre 2015
Diplo en a donc profité pour enchaîner avec un after qui a fait du bruit. Beaucoup. Un set entouré de L’Homme aux 4 Lettres, Dj Slow et des Picard Brothers, forcément, ça dégage une certaine puissance… d’autant plus quand l’événement prend lieu au Yoyo, une salle récente située sous le Palais de Tokyo de la Capitale connue pour accueillir des fêtes que l’on qualifierait de « super fat ». Qualifiée donc « d’after Major Lazer » officielle avec la jolie mention « TWRK ALL NIGHT », la soirée s’avérait être un futur carton avec près de trois mille personnes répondant au rendez-vous sur Facebook… et autant dire qu’ils étaient bel et bien présents.
Mais bien avant son passage, programmé à 1h30, l’ambiance émanait déjà une belle et intense chaleur. LH4L et Dj Slow, ce dernier officiant sur le label Pelican Fly, ont assuré des sets d’une indéniable qualité : résolument plus chill (hormis L’Homme aux 4 Lettres, fidèle à son style énergique) mais ne se retenant pas pour autant sur une bassline sacrément prononcée, oscillant entre hip-hop et house savoureux, la foule était déjà complètement ambiancée. Excitée à l’idée d’avoir dans peu de temps le fameux artiste, nombreux sont ceux et celles qui ont fait pété les pas de danse au milieu de cercles formés hasardeusement. On aurait pu dire qu’à cela-même, la soirée aurait suffi à être réussie. Mais c’était sans compter sur l’extraordinaire présence de Diplo, qui déboula à toute allure derrière les platines pour BALANCER LA SAUCE.
Crédit photo : DMahoney
Et que dire… Alors retentit une explosion de joie de la part du public et du DJ : il faut aussi dire que la musique a pris une tournure différente, bien plus musclée. Le build-up, intense, permet à la scène de faire connaissance avec les milliers de clubbers qui communiquent en tant bien que mal, jusqu’à un drop monstrueux, dévoilant alors toute la puissance du système sonore et lumineuse du YOYO couplée à la discographie explosive du producteur. Durant une heure et quart, la folie n’a cessé de s’accentuer sous les basses lourdes des plus gros hits de Diplo : des remixes lives de Major Lazer aux titres acides de Jack Ü, passant par les morceaux d’artistes les plus violents de Mad Decent et les collabs (on notera dans ce registre le passage d’Afterhouse, composé originalement avec l’excellent Troyboi, ou bien Soundclash de Flosstradamus ou encore quelques titres de ce bons vieux RL Grime qui en ont transcendé plus d’un). Il est même difficile d’attribuer un style musical défini à son set, les ambiances prenant dans le trap, la house, le hip-hop, le moombahton et que savons-nous encore : du Diplo tout craché. c’était très bon.
Impossible de passer sur ce petit moment épique, lorsqu’à la fin de son set, Diplo a demandé à plusieurs filles de rejoindre la scène pour improviser un twerk général et que la foule entière a pété un câble et s’est empressée de rejoindre les platines. La situation, vite devenue difficilement contrôlable, a donné lieu à plusieurs centaines de fêtards, heureux d’être en communion avec l’artiste de la soirée, en train de délirer sur l’autel. Plus de musique (impossible de mixer pour Diplo), quelques mots presque inquiets au micro et des centaines de rires et de flashs de téléphone pour une poignée de minutes finalement très intense. Au final, la sécurité du club a vite fait redescendre la population dans la fausse, et devinez-quoi ? Diplo était tellement content qu’il a balancé facilement une demi-heure de son supplémentaire, à l’impro. La classe, tu l’as ou tu ne l’as pas.
Crédit photo : DMahoney
Forcément, dur de prendre le relai pour les Picard Brothers après le déferlement d’énergie positive des deux dernières heures. Bien heureusement, les deux bonhommes ont effectué un joli taf en prolongeant une belle ambiance, revenant à des valeurs plus modérées. Une performance dans la lignée de celle des précédents disc-jokeys : dommage seulement que la foule se soit vidée plus vite que prévue une fois le passage de Diplo terminé, les vigiles mettant carrément fin à la soirée vers 4h30. Pas cool.
Mais ne crachons pas dans la soupe : ce fut là une sacrée belle fête d’anthologie. Assurément, Diplo prouve une fois de plus qu’il mérite sa place sur le podium de la musique électronique, en proposant un contenu auditif et une prestance de qualité. Un homme à suivre définitivement de près, car autour de lui écloront certainement des talents du même acabit.