Un an après une première édition très réussie, 193 Records est revenu avec son projet Ambassad chaud bouillant. Sans aucun doute, les organisateurs parisiens, à l’origine de nombreuses Drop in Bass et moult soirées canadiennes, ont réussi à relever d’un cran le plaisir sauvage des soirées Dubstep tout en instaurant une belle identité : la scène Bass Music hexagonale tend bel et bien à s’intensifier.
Alors que tous les yeux sont souvent rivés sur les grandioses Animalz de Chwet, 193 Records continue son petit bonhomme de chemin avec assurance. La première Ambassad était pour eux une véritable marche à franchir dans le milieu événementiel, prenant place dans une salle à la capacité beaucoup plus importante qu’à l’habituel, s’élargissant sur plus d’heures de fête et nécessitant des moyens tout simplement plus importants. Pour ce 7 août 2019, c’est à nouveau le Dock Eiffel qui fut réinvesti avec, cette fois-ci, plus d’audace et d’investissement encore. Toujours fixée de 21h à 7h du matin, la fête arborait cette fois-ci une scène plus imposante, parsemée d’écrans lumineux et au sound-system gras et puissant. Les premières minutes dans le hangar donnent le ton : on risque de prendre sacrément cher.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la foule était chaude. On pouvait largement s’y attendre mais la nuit fut tout sauf un four (hormis d’un point de vue sensoriel) : un espace extérieur bondé, une fosse dense et une énergie ultra-communicative étaient de mise. Si le mapping s’annonçait plutôt convainquant, nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion d’en voir plus étant donné que les écrans ont lâché prises en début de soirée : une déception, certes, mais qui n’a finalement pas tant gêné que ça compte tenu de la fureur des différentes prestations.
Avec plusieurs artistes bien violents dès le début de soirée, la couleur est annoncée. Oddprophet et Somnium Sound ne font clairement pas dans la dentelle et mettent à température une salle qui ne demande qu’à être exterminée : Jphelpz s’en est d’ailleurs vite chargé. Le DJ, imposant dans son style comme dans sa prestance, fut une sacrée bonne surprise avec des pointes monstrueuses aux subs atomisants. Littéralement.
Vers une heure du matin, le flambeau fut transmis au célèbre headliner : Doctor P – dont l’interview exclusif arrivera sous peu sur EDM France – fit lui aussi la prestation efficace que l’on en attendait. L’antiquité du Dubstep anglais déversa ses sonorités si particulières, aiguisées et stridentes, au beau milieu d’un set éclectique parsemé de pointes Trap et Drum & Bass vraiment rafraîchissantes. Si l’on pourra lui reprocher d’être un peu statique, un MC venu en renfort a largement changé la donne. Forcément, c’était un peu le pic de la soirée qui n’est pas si redescendu que ça l’heure d’après. Il faut dire que son successeur était un sacré perfomer.
Seconde tête d’affiche bénéficiant d’une hype considérable, Sullivan King s’est avéré sans doute comme la révélation de ce samedi soir. Une première parisienne largement assurée : ce personnage complètement délirant dispose effectivement de la particularité de mélanger Métal hardcore et Dubstep cinglant, tout en s’invitant à la guitare électrique occasionnellement. On pouvait peut-être lui dommager d’avoir fait des solos instrumentaux un peu trop précieux mais, quoi qu’il en soit, cet homme est tout simplement une pure dinguerie. Fort d’une prestance scénique timbrée – il danse, gesticule et headbang comme un dératé ! -, son show est un petite claque d’adrénaline.
Le reste de la nuit s’est lui aussi inscrit sous le signe de la violence sonore. Subtronics et Kompany (que l’on ne peut qu’applaudir) n’ont pas failli à la tâche et ont laissé une foule décidément peu fatiguée au Four Hoursemen. Ce quatuor montant, composé d’Ivory, Samplifire, Graphyt et Ecraze, mérite sincèrement toute notre attention. En plus d’être français et de promouvoir considérablement l’industrie locale, ces gars font un taf millimétré, réglé aux dizaines de mash-ups Dubstep & Riddim bien trouvés et calés au poil. Même visuellement, la fratrie donne envie de headbanger, chaque membre interagissant amicalement avec l’autre : voilà un groupe qui transpire l’amitié et les bonnes collab’. Keep it up.
Enfin, le très chouette Code: Pandorum s’est chargé d’assassiner les quelques centaines de clubbers restants : un vrai succès et, même si dix heures consécutives de Dubstep purs et fracassant peuvent rebuter certains par rapport à des nuis estampillées plus largement « Bass Music », cette Ambassad a fait un taf admirable. Un nouveau personnage est rentré dans le casting des grosses soirées du coin et l’on a définitivement hâte de le retrouver en 2019.