Le mois de septembre n’est pas uniquement synonyme de rentrée scolaire, de reprise professionnelle et autres activités que l’on se tâche d’esquiver inlassablement : non, c’est aussi le point de départ des nouvelles saisons et de tous ces organismes dont le seul but est, justement, de vous faire oublier les tracas du quotidien. Et on la connait bien, cette Dream Nation qui, inexorablement, s’attèle à faire démarrer le trimestre sur les chapeaux de roue : l’édition 2019 venant tout juste de s’écouler, que faut-il en retenir ? L’ex-after officiel de la Techno Parade est-il toujours le monstre événementiel qui attise les regards ? Spoil : yes, absolument.
Depuis sa première itération en 2014, le concept de la Dream Nation a toujours été audacieux : il s’agit de réunir tous les courants de la musique électronique underground – la Bass Music, le Hardcore, la Techno et la Trance – à travers quatre scènes d’un même festival. En six essais, les organisateurs ont eu le temps de perfectionner la recette ; de se frotter aussi aux problèmes courants et difficiles de la fête, à leurs risques et périls.
On se souvient de nombreux problèmes de flux humains quelques précédentes années : une attente problématique à l’entrée, un fiasco aux vestiaires ou encore des salles inaccessibles en plein milieu de la nuit, faute de pouvoir circuler correctement. Si aucune version du Dream Nation Festival n’a été cauchemardesque, aucune n’a non plus fait le sans faute et, à vrai dire, c’est tout à fait normal. On continue même de lui vouer une sympathie sans faille, pour sa direction artistique de qualité mais sa volonté de fer et cet univers rassemblant si bien les peuples barbares de l’EDM.
Crédit photo : Designatic
Et l’on savait bien qu’un jour, à force de se faire taper sur les doigts parfois injustement – on entend toujours la minorité qui gueule le plus fort, n’est-ce pas ? – l’organisation allait faire le grand chelem. Ou, du moins, s’en approcher grandement. Cette année, l’événement a vu les choses en grand (plus de quinze mille teufeurs se sont rendus sur les lieux !) et a surtout su encadrer l’expansion avec plus de moyens, plus de maîtrise. Bien sûr, la file d’attente d’entrée ne sera jamais totalement limpide mais il faut souligner la rapidité d’exécution des personnes en sa charge ; aucun problème ne fut également à souligner pour rentrer et sortir des différentes scènes ; les bornes cashless n’ont également pas traînées pour le rechargement des bracelets, fluidifiant évidemment l’accès aux multiples bars et (très) sympathiques food trucks.
Une nouvelle fois, la Dream Nation séduit aussi et beaucoup pour l’univers qu’il sait instaurer dans et en dehors de ses salles. Exploitant intelligemment la géographie des Docks de Paris, les rues et espaces verts qui unissent les différentes scènes arborent une bonne humeur ambiante : ça crie (de joie), ça rigole, ça s’embrasse, ça danse devant la mini-stage open air, ça vomit un peu, aussi, mais rarement, et puis ça fait partie du jeu. Si l’on regrette le manège de fête foraine qui illuminait nos yeux les précédentes fois, l’ambiance lumineuse de ces artères du Dream Nation Festival fait toujours mouche. Et c’est, bien sûr, sans compter sur le cœur de la fête, qui pompe de façon sanguinolente à chacune des stages animales déployées sur le lieu.
Crédit photos : Jeg d’Ekivok / Thibault Bourdin
On avait évidemment remarqué la créativité certaine dont faisaient preuve les scénographes : on fut donc ravis de constater que leurs goûts, s’il s’agit bien des mêmes bonhommes, étaient toujours pertinents en 2019. Pour chaque ambiance, les scènes adoptent leur propre style, tantôt mécaniques pour la Bass Music, tantôt organique pour la Trance, flirtant avec le militarisme pour le Hardcore et naviguant presque du côté de la S-F pour la techno. Certaines configurations s’avéraient absolument sublimes, s’appuyant sur un travail d’orfèvre des textures et de leur correspondance en rythme avec les musiques. Certains clichés valent largement le détour et, encore, on en garde des étoiles plein les yeux.
Crédit photos : Designatic
Les atmosphères sont clairement différentes et s’emboîtent pour former un tout homogène : les lumières et autres lasers ont également été revus à la hausse pour un résultat, donc, plus que satisfaisant. Hormis la stage Techno, la plus petite de doute mais qui colle aussi à l’intimité de son style musical, les trois autres ne lésinaient pas sur les moyens avec des espaces considérables pour danser, rarement surchargés.
Puis, musicalement, c’était à peu près le carnage que l’on en attendait. Tout n’était pas parfait : la Techno semble un poil souffrir de sa réputation – et pourtant, elle fait des efforts – et du côté de la Bass Music, on fut clairement attristé d’apprendre de nombreux b2b du côté du Dubstep, un moyen certes économique pour les organisateurs d’afficher des gros noms mais amputant le talent des têtes d’affiche, qui auraient mérité une heure entière (comme Riot Ten, qui ne nous a pas forcément tapé dans l’œil comme prévu).
DREAM NATION FESTIVAL GOT HYPHY AS FUCK12th Planet
Publiée par Riot Ten sur Dimanche 22 septembre 2019
Nous faisons les pointilleux, les mauvaises langues diront certains : c’est notre job, après tout. Mais ce serait surtout bouder son plaisir de ne pas souligner toute l’efficacité monstrueuse dont a fait preuve cette flopée d’artistes exceptionnels. On ne s’est en fait pas ennuyé une seule seconde : Spag Heddy avec Dubloadz, le mythique Infected Mushroom, le show taré de Bliss, l’inévitable duo Delta Heavy, l’épileptique Radical Redemption, la pointure Luke Slater… Les ultra-spécialistes trouveront toujours quelques coquilles dans les sets, d’ailleurs, on en aurait à vous préciser, mais n’est-il pas mieux de terminer sur une note positive, plus représentative de la globalité du festival ?
Crédit photo : Jeg d’Ekivok
Nous, on pense clairement que oui. On pourrait également rajouter la pertinence de s’être allié à un collectif aussi puissant que Possession pour le before, la veille au soir, ainsi que la justesse de l’after qui a quitté les terres du Glazart pour un lieu accessible à pied depuis les Docks d’Aubervillers : les gars, vous êtes sur une bien bonne lancée et nous avez régalé. On remet ça en septembre 2020, n’est-ce pas ?
Crédit photos : Mclmpht / Designatic / ChlPhotographe / Agence Plein Format
Photo de Une : Designatic
Photo de bandeau de présentation : Jed d’Ekivok